Alliance des Églises Évangéliques Interdépendantes
« Applique-toi à lire les Écritures dans l’assemblée »
Le Protestantisme est « réputé » pour mettre l’accent sur la lecture, l’étude de la Parole de Dieu et ainsi avoir de « bonnes connaissances » bibliques, puisque la Parole de Dieu joue une place aussi importante dans notre foi. Historiquement, il y a un fort accent mis sur l’acquisition de la lecture, la création d’écoles, etc. Aujourd’hui, quelle est la part de cette réputation qui reste « active » pour nous, évangéliques en France et dans l’A.E.E.I. ?
Avons-nous toujours une « discipline » de lecture régulière, personnelle, de la Parole ? Au-delà, sommes-nous des « lecteurs » pour connaître et comprendre notre culture, le monde dans lequel nous vivons, afin de pouvoir présenter la Bonne Nouvelle d’une manière compréhensible (pensez à la prédication de Paul à Athènes – où il connaissait les positions philosophiques et a ainsi pu citer des poètes grecs, par exemple).
« En attendant que je vienne, applique-toi à lire les Écritures dans
l’assemblée, à encourager, à enseigner ».
1 Timothée 4.13
Mais limitons-nous, avant les vacances, à un élément plus « pointu » : la lecture publique, la lecture « communautaire » de la Parole. Quel est l’état d’esprit de ceux et celles qui assistent au culte, lors des lectures ? Comment les textes sont-ils lus ? Avec expression, nuances ou « expédiés rapidement » comme un élément « obligatoire » du culte, mais pas très intéressant ?
Combien d’Églises ont une pratique de « lecture suivie » de livres bibliques ? Pourquoi le faire même ? Je reviens au passage qui donne le titre à cette méditation, 1 Timothée 4.13 : « En attendant que je vienne, applique-toi à lire les Écritures dans l’assemblée, à encourager, à enseigner ». La lecture n’était pas seulement personnelle et, avec ce qui suit dans cette méditation, ne se limitait pas non plus à la lecture d’un Psaume et du passage abordé dans la prédication lors du culte.
Il y a d’ailleurs une promesse importante, en Apocalypse 1.3, « Heureux celui qui lit et ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui s’y trouve écrit, car le moment est proche ! » Si on applique cette promesse dans son contexte, surtout à la lecture du livre de l’Apocalypse (combien y trouvent un bonheur dans sa lecture ?), on peut légitimement l’étendre aussi à la lecture de toute la Parole de Dieu.
La lecture de la Parole avait une place importante dans la vie des Églises du premier siècle. Considérons les instructions de Paul, au sujet de ses lettres aux Églises notamment, qui devaient être lues, puis transmises pour lecture aux autres Églises également, comme on le voit en Col 4.16, 1 Thessaloniciens 5.27, par exemple.
Un érudit chrétien, Brian J. Wright a pu souligner l’importance de la lecture collective au premier siècle, comme fruit de ses recherches sur la lecture publique, qui peut corriger quelques perceptions que nous avons au sujet des gens au premier siècle. (Si vous lisez l’anglais, vous pouvez trouver tout son article dans le numéro de mai 2018 de Christianity Today, p.62-64).
Méditons ce que révèlent certaines de ses découvertes : Premièrement, en dépit de nos préconceptions, les « lettrés », ceux et celles sachant lire, étaient assez nombreux et pas seulement limités à une classe d’élites. Deuxièmement, la « lecture publique » était une pratique courante dans la population gréco-romaine en général de l’époque, aussi répandue que YouTube et d’autres médias sociaux d’aujourd’hui. Même les gens ne sachant pas lire « connaissaient » les textes populaires car ils assistaient à des lectures publiques régulièrement. Un auteur, justement, Martial, parle de combien c’était ennuyeux, lorsque des gens lisaient à haute voix, jusque dans les WC publics de l’époque !
Quelqu’un qui aurait fait une erreur de citation d’Homère, par exemple, aurait été immédiatement repris par le public qui l’écoutait. Jésus, lui-même, a connu ce genre de réaction – c’est « la foule » et non des Scribes ou Pharisiens qui réagissait à sa tournure de phrase en Jean 12.32-34, une question pointue « d’exégèse » mais qui a fait réagir « l’homme de la rue ».
De nos jours, lisons-nous encore des récits, des livres, à nos enfants au moment de les mettre au lit ? Avez-vous déjà lu à haute voix un récit, une biographie, un « roman » (Je pense par exemple aux Chroniques de Narnia) en famille ? Et justement, quelle est notre pratique d’Église, de lecture publique communautaire des Écritures ? Que pouvons-nous apprendre des « anciens » pour grandir en connaissances et en foi, en suivant leur exemple ?
Je vous laisse méditer pendant la période des vacances – et appliquons-nous donc, nous aussi, à la lecture publique des Écritures dans nos communautés.
Henry Oppewall