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Besoin d’une « correction de vision » ?

Suite à la thématique de l’année dernière sur le « Sermon sur la montagne », nous avons décidé de poursuivre cette réflexion dans l’Évangile selon Matthieu par un approfondissement de l’invitation de Jésus, en Matthieu 9.37-38 à prier le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. On peut dire que, depuis le premier siècle, la situation n’a pas changé, (sauf peut-être en pire, avec la population qui croit toujours plus rapidement que le nombre de personnes qui viennent au Seigneur).

Pour quelles raisons nos prières pour avoir plus d’ouvriers semblent-elles rester sans réponse ? Il est évident que c’est la volonté de Dieu qu’il y ait plus d’ouvriers. Le Seigneur ne manque ni de volonté ni de puissance pour mener à terme son œuvre non plus. La « réplique » la plus simpliste, c’est donc de dire que nous manquons de foi. C’est peut-être vrai. Et, si c’est le cas, repentons-nous, et remettons-nous à prier « vraiment ».


Mais il y a peut-être des raisons plus subtiles pour expliquer le manque d’ouvriers, le manque de résultats à nos prières pour que Dieu suscite davantage d’ouvriers pour bâtir son Église, actifs dans sa moisson. Résumons-en certaines, qui peuvent nous concerner assez directement. Premièrement, il y a une question de « priorités ». Le texte d’un chant en anglais dit :

« Ma maison est remplie, mais il n’y a personne dans les champs.
Qui irait travailler pour moi aujourd’hui ?
Il semble que tous mes enfants veulent rester assis à ma table,
Mais personne ne veut travailler dans mon champ ». (Booth Brothers, © 2017)

Alors il dit à ses disciples: La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson.
Matthieu 9.37-38

Cela a souvent été dit, que si nous prions, demandant à Dieu d’envoyer des ouvriers, une part de la réponse peut être que Dieu nous envoie, nous, pour sa moisson. Mais là nous devons aussi répondre, et « sortir » de notre propre zone confort, comme le souligne le texte de ce chant ci-dessus. Si nous sommes « trop bien entre nous » dans la maison du Père, l’Église, au point d’avoir oublié que la vocation de l’Église, c’est d’accueillir des personnes de tout peuple, toute nation, et justement « d’aller », nous risquons de ne pas bouger de notre place « à l’intérieur ». Faut-il nous examiner sérieusement devant le Seigneur, pour savoir si c’est le cas ? En quoi cette prière d’envoyer plus d’ouvriers dépend aussi de notre disposition à répondre « Me voici, envoie-moi ! » ?

Deuxièmement, la peur peut nous paralyser – par crainte d’être rejeté, par crainte de perdre nos amis, peut-être même par crainte d’une éventuelle persécution... C’est « drôle » comme cela ne gêne personne de parler de sa réussite au bac, d’une promotion, de la réalisation d’un rêve, d’une victoire sportive en tant que supporter d’une équipe gagnante – mais nous avons bien trop souvent peur de parler de ce que Dieu a fait dans nos vies, et ce qu’il veut faire pour les gens qui nous entourent !

Enfin, il s’agit peut-être bien moins d’un manque de foi que d’un aveuglement, voire une indifférence. Le contexte dans lequel Jésus demande de prier pour plus d’ouvriers souligne, tout d’abord, le fait que le Seigneur, lui, voyait le besoin, mais pas du tout les disciples. Nous lisons en Matthieu 9.36 : « À la vue des foules, il (Jésus) fut rempli de compassion pour elles, car elles étaient blessées et abattues, comme des brebis qui n’ont pas de berger. Alors il dit à ses disciples : La moisson est grande... ».

Hudson Taylor
21/05/1832 - 03/06/1905
missionnaire protestant anglais en Chine et fondateur de la Mission à l'Intérieur de la Chine, MIC, China Inland Mission, renommée Overseas Missionary Fellowship (OMF)1. Taylor a travaillé 51 ans en Chine.

Peut-on expliquer le manque d’ouvriers par notre façon différente de celle du Seigneur de percevoir ceux qui nous entourent ? Comment voyons-nous les gens ? Comme des personnes aimées de Dieu, ou comme des gens qui « nous embêtent », des « mécréants » qui risque de nous corrompre ? Ou même comme de futurs persécuteurs ?

 

Un événement dans la vie de Hudson Taylor illustre ce point de manière puissante : Un jour où Taylor voyageait sur une jonque entre Shanghai et Ningpo, il avait eu l’occasion de témoigner à un homme du nom de Pierre, qui écoutait mais qui résistait à la conviction de venir à Christ. Pendant le trajet, Pierre est passé par-dessus bord. Voyant que personne n’essayait de sauver cet homme, Taylor lui-même baissa la voile, et sauta par-dessus bord pour essayer de sauver son ami du naufrage.


Un bateau de pêche n’était pas loin, alors Taylor les appela à l’aide. Mais ils ne voulaient pas arrêter leur travail pour rechercher l’homme, à moins que Taylor ne les paie. Et ils ont mis un temps très long à marchander, pour obtenir la somme maximum de Taylor. Enfin, une fois mis d’accord sur la somme, ils se sont mis à rechercher l’homme. En une minute, ils ont remonté Pierre. Mais c’était trop tard, le temps qu’ils négocient, il s’était déjà noyé. Ils avaient préféré poursuivre leurs affaires plutôt que venir au secours d’un homme en perdition.


Nous ressentons une juste colère devant tant d’égoïsme et d’indifférence, n’est-ce pas ? Mais le Seigneur peut-il dire la même chose à notre sujet ? Combien de gens côtoyons-nous, sans les voir, sans nous préoccuper d’eux, alors que nous sommes peut-être les seuls chrétiens qu’ils vont croiser dans leur vie ? Il est facile de demander à Dieu de « sauver les gens », en général. Mais prions-nous pour les personnes que nous connaissons jusqu’à ce qu’ils viennent au Seigneur ? Prions, « afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et en tout respect. Voilà ce qui est bon et agréable devant Dieu, notre Sauveur, lui qui désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tim 2.1-4). Prions le maître de la moisson, qu’il envoie des ouvriers. Et que notre cœur soit disposé à répondre à un tel appel de sa part !


Henry Oppewall

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