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Faire des disciples – ou « faire son boulot » ?

Dans une Causerie récente (réunion de réflexion/ partage des pasteurs « les plus récemment arrivés » dans l'AEEI et de quelques membres de la commission théologique) nous avons identifié une tension (et constaté qu'elle existe aussi parmi nous) entre la mission donnée par le Seigneur et le fait de « faire son boulot ».


La mission, c'est « Faire de toutes les nations des disciples », cela, en baptisant ... et en enseignant à mettre en pratique tout ce que le Seigneur a prescrit. « Faire son boulot », c'est assurer ce qu'on appelle les « actes pastoraux» : la prédication, l'enseignement, la cure d'âme, les baptêmes, les services d'obsèques....


Est-il possible de « faire un bon boulot » sans pour autant « faire des disciples » ? Je suis convaincu que oui.

 

Pendant un certain temps, dans mes débuts dans le ministère, j'avais justement la vision que mon rôle était d'assurer ces « fonctions », sans pour autant prendre conscience que l'élément fondamental était manquant. Il est, en effet, tout à fait possible de servir le Seigneur, en faisant même « un bon boulot » de prédicateur, d'enseignant de la Parole, et même d'accompagner les gens pour les aider à régler leurs problèmes, sans pour autant faire ce que le Seigneur nous a donné comme charge - faire des disciples !


Comment distinguer alors entre les deux ? Même si c'est très réducteur, posons -nous la question des « résultats ». Notre prédication, notre enseignement apportent-ils des changements dans la vie des membres de l'Église ? Notre accompagnement dans la cure d'âme aide-t-il à grandir dans la foi et dans le service, pour que les membres deviennent réellement adultes ? Tout ce que nous donnons comme « formation » change-t-elle la vie, ou est-ce juste une transmission de connaissances?Pour aller jusqu'au bout dans la logique des résultats, notre ministère produit-il des disciples, de futurs responsables,diacres et anciens, capables, eux aussi d'assurer la relève, de faire la même chose avec encore d'autres, pour que l'Église locale continue à se fortifier, et se pérennise de génération en génération ? Combien d'Églises manquent de pasteurs, actuellement, sans voir comment pourvoir aux besoins ? Combien de plus en manqueront dans les quelques années à venir ? À qui la responsabilité de la relève si ce n'est dans les Églises, et donc dans la vision et la manière de faire pour former des disciples, parmi lesquels le Seigneur suscitera les futurs responsables et pasteurs ?


Mon constat, c'est qu'en général, nous sommes, dans l'Église aussi, dans la mentalité de la société de consommation, dans la passivité, et dans l'état d'esprit hérité des grecs où enseigner signifie uniquement « transmettre des connaissances », sans produire de changements dans la manière de vivre. C'est un problème doublé de notre héritage « chrétien » de la division entre « clergé » et « laïcs » : les premiers assumant toutes les fonctions du ministère, les deuxièmes restant « passivement » sur les bancs à recevoir ce qui est dispensé. Là aussi, bien sûr, je généralise. Mais qu'est-ce qui peut changer tout cela ?

Votre système est parfaitement paramétré pour vous donner les résultats que vous obtenez actuellement

Deux observations. Tout d'abord, quelqu'un a dit (je traduis librement) : « votre système est parfaitement paramétré pour vous donner les résultats que vous obtenez actuellement ». Si nous ne sommes pas contents des résultats, osons-nous remettre en question ce que nous faisons, justement.

 

Pour « changer le système », pour qu’il produise les résultats que Jésus attend de notre ministère? Deuxièmement, s’il s’agit des produits d’un système, il faut remonter au-delà du fonctionnement pour « changer le fond ».


Nous ne pouvons donc jamais oublier que ce que nous faisons provient de ce que nous croyons réellement. Ainsi, si nous allons réellement « faire des disciples, ... pour que tous (et nous-mêmes en premier) mettent en pratique tout l’enseignement de Jésus, nous devons changer ce que nous « croyons ». Il ne s’agit pas là de doctrines mais de ce que signifie réellement être enfant de Dieu, disciple de Jésus, membre du corps de Christ. Le caractère et le comportement ne changeront pas, si nous restons dans nos « croyances » héritées de la culture, des traditions de l’Église, si elles ne sont pas conformes à ce que nous dit clairement la Parole de Dieu.


Dans cette brève méditation, je ne fais qu’effleurer le problème, la solution à adopter. Mais si nous voulons nous développer, en tant que disciples, et faire en sorte d’enseigner tout ce qui est nécessaire pour que les personnes fréquentant nos Églises locales deviennent, elles aussi, de véritables disciples du Seigneur, nous avons du travail devant nous. Ce travail vise comme résultat la vie abondante, la transformation de vie qui manifeste « Christ en nous, l’espérance de la gloire », la manifestation de sa vie dans la nôtre, ici, aujourd’hui et demain. Ainsi, « le royaume de Dieu» sera visible dans ce monde, et vraiment attirant pour ceux qui ont conscience qu’il leur faut autre chose que leur « vie actuelle ».

 

Que le Seigneur nous donne la force, le discernement, et surtout le courage de viser la transformation des vies, et pas juste un « bon fonctionnement » d’Église !

 

Henry Oppewall

 

 

 

 

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