Alliance des Églises Évangéliques Interdépendantes
Une « résolution » du nouvel an – faire des disciples – vraiment !
Pour commencer cette nouvelle année 2017, considérons l’un des commandements que Jésus nous a laissé : son « ordre de marche » pour tous les chrétiens et notre manière d’y obéir.
Jésus s’approcha et leur dit : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez [donc], faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et enseignez-leur à mettre en pratique tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».
Matt 28.18-20
Janvier 2017
Beaucoup d’entre nous savons, ou pouvons vérifier en consultant le passage dans le grec, qu’en fait il n’y a qu’un seul verbe actif au verset 19 dans ce « commandement » de Jésus. « Allez » est en fait un participe, qui serait mieux traduit par « en allant ». De même, « baptiser » est en fait le participe « en baptisant ». L’action, qui de plus est un verbe à l’impératif, c’est « faites des disciples ». (Le verset 20 explique comment faire, par le fait d’enseigner à observer tout ce que Jésus a donné comme enseignement).
Je ne doute pas que nous croyons tous, non seulement en Christ, mais aussi que Jésus sait ce qu’il fait, qu’il est réellement le Maître absolu lorsqu’il s’agit du discipulat. Alors, qu’est-ce qui manque, pour expliquer qu’en fait, il y ait beaucoup de « chrétiens », mais réellement si peu de disciples dans le monde aujourd’hui ? Si nous croyons, si nous annonçons l’Évangile, obéissons-nous réellement à ce commandement du Seigneur ?
Une réponse simple ne suffira bien évidemment pas pour tout expliquer. Il me semble cependant qu’il y a au moins deux facteurs qui peuvent se montrer décisifs pour qu’il y ait réellement plus de disciples de Christ parmi ceux qui se disent « croyants et pratiquants ». Le premier, c’est l’intentionnalité. Et le deuxième, c’est justement le contenu.
Sur l’intentionnalité, je voudrais à nouveau citer Dallas Willard, dans son travail sur le Sermon sur la Montagne :
C’est un fait qu’il manque actuellement une intention sérieuse à amener le peuple de Jésus à l’obéissance et à l’abondance par la formation. Ce serait le discipulat tel qu’il nous l’a donné. … C’est vrai même lorsque des auteurs « en vue » tels Alistair McGrath reconnaissent maintenant que « Dieu souhaite que son peuple possède … la plénitude de vie que les chrétiens reconnaissent en Jésus ». Quelle pensée frappante, une fois que vous le laissez vous pénétrer. D’une certaine manière, une pensée sérieuse sur l’intentionnalité – et non pas un vague souhait ou idée – à amener réellement la plénitude de la vie en Christ doit être rétablie. (Dallas Willard, The Divine Conspiracy, p.345).
Une relation avec Jésus n’est pas quelque chose qui arrive automatiquement. Cela ne se crée pas non plus par une « infusion passive ». (Jésus appelle des disciples). Cependant, le discipulat, ou être l’apprenti de Jésus, n’est plus considéré comme étant essentiel à la foi en Christ. C’est considéré comme une option coûteuse, un luxe spirituel, ou même parfois comme une échappatoire. Pourquoi se préoccuper d’être un disciple, pense-t-on assez largement, … Faisons tout simplement ce que nous avons à faire. (Willard, p.5).
Jésus comptait comme disciples ceux qui le suivaient vraiment – et pas juste ceux qui « fréquentaient les lieux où il se trouvait pour écouter ses prédications ». Il y a vraiment un choix, un engagement, avec un véritable « coût », même si le salut est un don gratuit par le moyen de la foi. Mais il faut également, à nous qui avons la charge d’une Église, des responsabilités d’enseignement dans l’Église, la même intentionnalité que Jésus, pour qu’il y ait réellement des disciples – non pas les nôtres, bien évidemment, mais des disciples du Seigneur. Des connaissances ne suffisent pas, il y a besoin aussi de « la transmission de la vie de Jésus », de son enseignement, donc, la manière de vivre qui devrait accompagner cet enseignement, de la même façon que Paul pouvait écrire aux Corinthiens d’être ses imitateurs, comme il l’était lui-même de Christ (1 Cor 11.1).
Arrêtons-nous, brièvement, ensuite pour considérer le « cursus », le contenu, dans le sens large d’une telle formation. Il s’agit de bien plus que la transmission de certaines connaissances, plus même que la transmission du contenu « biblique ». Pour sa concision et la clarté de son expression à ce sujet, je cite encore Willard :
Soyez mes imitateurs, comme je le suis
moi-même de Christ.
1 Cor. 11.1
En plus de mettre en place tout ce qui est nécessaire pour atteindre les deux objectifs fondamentaux du cursus – émerveiller les pensées de Dieu et briser la puissance du mal dans notre corps …. La clé, c’est de viser le cœur et sa transformation. Nous voulons rendre « l’arbre bon ». Nous ne visons pas juste de contrôler le comportement, mais changer le château intérieur de l’âme, afin que Dieu soit adoré « en esprit et en vérité, et que le bon comportement ne soit plus une performance ». …. Cela signifie, bien sûr, que l’enseignement ne peut pas être capté par des règles. Par exemple : « ne jamais dire que quelqu’un est un idiot », « céder toujours », « ne jamais porter plainte » etc. Vous pouvez suivre de telles règles et vous trouver toujours autant rempli de colère, ou ne pas les respecter dans des contextes appropriés et être totalement rempli d’amour. (Willard, p.398-399).
Que le Seigneur nous aide à appliquer, comme véritable pratique, et pas juste une « résolution du nouvel an » un véritable discipulat, là où il nous a placés.
Henry Oppewall