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La piété à la lumière des Béatitudes

Mathieu 5. 1 à 12


L’évangéliste Matthieu écrit son Evangile pour montrer que Jésus est le Roi des rois et le Sauveur du monde prévu et annoncé par les Ecritures. Dans la généalogie introductive qui scelle son message dans l’Ancien Testament, Jésus est d’abord le fils de David, roi emblématique qui annonce le Messie. Ainsi, il démontre que l’ancienne Alliance est l’Evangile en bourgeons et la nouvelle Alliance l’Evangile en fleurs.



Matthieu accorde une très grande place à la piété et à l’enseignement de Jésus. La piété précède l’enseignement, car vivre ce que nous enseignons et enseigner ce que nous vivons dans la proximité du Seigneur sont pertinents. Matthieu structure son Evangile en cinq discours. Chaque discours est suivi de paroles d’exhortations ou d’actes miraculeux. La structure communément retenue est la suivante :

  • Identité de Jésus et son entrée en action : ch. 1 à 4

  • Premier discours : ch. 5 à 7 « Sermon sur la montagne » - Actions ch. 8 et 9

  • Deuxième discours : ch. 10 « Envoi en mission » - Actions ch. 11 et 12

  • Troisième discours : ch. 13 v. 1 à 52 « Paraboles » - Actions ch. 13 v 53 à ch. 17

  • Quatrième discours : ch. 18 « Relations dans l’Eglise » - Actions ch. 19 à ch. 22

  • Cinquième discours : ch. 23 à ch. 25 « Avertissements » - Actions ch. 26 à ch. 28


Le message de chaque discours est précisé :

  • Discours 1 - Ch. 5-7 : Jésus pose les bases de la vie de son Royaume.

  • Discours 2 - Ch.10 : Jésus confie à ses disciples la mission de témoigner de Lui.

  • Discours 3 - Ch. 13 : Jésus, par des images, montre ce qu’est le Royaume de Dieu.

  • Discours 4 - Ch. 18 : Jésus montre comment ses enfants doivent vivre ensemble.

  • Discours 5 - Ch. 23-25 : Jésus appelle les siens à la vigilance, quant à la fin des temps.


Le Sermon sur la montagne est sans doute le discours le plus connu, particulièrement les Béatitudes qui l’introduisent. Jésus aborde des sujets essentiels qui nous concernent :

  • Ch.5. 1- 12 : Ce que doit être le caractère de ceux de son Royaume

  • Ch. 5. 13-16 : Ce que sont ceux de son Royaume, sel et lumière

  • Ch. 5. 17- 20 : La permanence de l’enseignement de Jésus

  • Ch. 5. 21- 48 : La justice de son Royaume :

  • Respect de la vie et de l’autre (5. 21 à 26)

  • La préservation du couple (Ch. 5. 27- 30) ;

  • La conséquence de l’infidélité dans le couple (5. 31 à 32)

  • L’importance de l’engagement (5. 33 à 37)

  • L’esprit pacifique (5. 38 à 42)

  • La primauté de l’amour (ch. 5. 43 à 48)

  • La piété de ceux de son Royaume (ch. 6. 1 à 18)

  • Le positionnement face aux biens matériels (ch. 6. 19 à 34)

  • La relation à l’autre de ceux de son Royaume (ch. 7. 1 à 12)

  • La sagesse de ceux de son Royaume (Ch. 7. 13 à 29).

Jésus s’adresse à ses disciples et à la foule. Disciples sont ceux qui ont été appelés à suivre Jésus, ch. 4. 18 – 22. Jésus leur dit ce que signifie Le suivre. S’il y a un prix à payer, la joie éternelle d’être à Lui de la dernière Béatitude rassure et donne du courage pour rester dans le sillage de Jésus. Il s’adresse aussi à la foule, afin que ceux qui ne sont pas encore disciples le deviennent.


Le sermon sur la montagne débute par une note poétique qu’on appelle Béatitudes. Béatus : heureux. Ce mot utilisé pour décrire ceux qui sont bénis de Dieu. En grec, c’est le mot « béni » qui est rendu par « heureux ». Le Seigneur décrit les caractéristiques d’un homme juste, proche de Dieu, et pose les fondements d’une vie heureuse.


Toutes les phrases sont construites de la même manière et débutent par « heureux ». Neuf fois le mot « heureux » est suivi de l’énoncé d’une condition : une manière d’être, de vivre, des circonstances particulières. Ensuite, Jésus donne une explication en faisant un rapprochement, avec « car », entre le bonheur et la condition décrite.


« Heureux », ce discours de Jésus introduit une condition nouvelle liée à la lumière du Royaume des cieux et perceptible uniquement à cette lumière, les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres. Il prêche l’Evangile, message de paix, de délivrance et de guérison. Donc naturellement, Il dit : « heureux ». Heureux ceux qui entendent l’annonce du Royaume de Dieu. Heureux ceux qui écoutent Jésus. Heureux sont-ils pour ce que Jésus va réaliser pour eux pour qu’ils soient proches de Dieu et en Lui. Toutefois, la juxtaposition de cet « heureux » et de situations indésirables oblige à un autre regard. Ce n’est pas la situation présente de ces personnes qui fait leur bonheur, mais ce qui est dit dans la deuxième partie de chaque béatitude. Ce que Dieu leur propose, même si c’est encore à venir, fait déjà leur joie dans leur présent difficile. C’est un bonheur réel et présent qui plonge ses racines dans le Royaume de Dieu et dans ses promesses. Avec cette tirade « heureux », Jésus prend à contrepied la pensée grecque du bonheur. Dans la culture grecque, le mot « heureux » décrivait l’état des dieux grecs qu’on estimait toujours contents, satisfaits, puisqu’ils avaient tout, pouvaient jouir de la vie sans restriction. Dans la mentalité grecque, le bonheur était lié aux possessions matérielles et à la liberté d’en jouir dans l’assouvissement sans limite de leurs désirs physiques et charnels. Les grecs estimaient que leurs dieux étaient heureux quand eux-mêmes vivaient une liberté semblable. Jésus enseigne que le bonheur est, non dans une liberté sans limite, non dans la satisfaction inconsidérée des désirs, mais dans la présence de Dieu dans nos vies. Nous sommes heureux maintenant, parce que nous connaissons le Seigneur et nous sommes en Lui. Nous sommes heureux dans notre présent, parce que les promesses de Dieu d’être avec nous aujourd’hui dans ce que nous vivons, et ses promesses à venir, sont réelles. Tel est le contenu de la foi qui nourrit notre piété.


Malgré les conditions quelques fois difficiles de la vie actuelle, celui qui a choisi Jésus-Christ est exhorté à la réjouissance et au bonheur, car sa récompense sera grande. Comme l’écrit Christophe Paya, le Royaume de Dieu lui sera donné avec son flot de bénédictions : la consolation, v.4 ; l’espérance de la nouvelle création, v.5 ; la justice parfaite, v.6 ; l’infinie bonté de Dieu, v.7 ; la présence de Dieu, v.8 ; la joie d’avoir Dieu comme Père, v.9.


Si ces bénédictions sont dans les cieux, l’enfant de Dieu goûte déjà par la foi à leurs réconfortants bienfaits. Selon Jésus, être heureux c’est croire en Dieu. C’est vivre dans sa proximité jour après jour à la lumière de sa Parole. C’est saisir ses promesses et y croire. Vivre heureux est le signe de la piété.


Patrice Kaulanjan, Président

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