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Sola Scriptura – Est-ce encore le cas 500 ans après ?

Cinq cents ans après la Réforme, que reste-t-il des « socles », des convictions de l’époque, telle Sola Gratia, Sola Fide, Solus Christus et Sola Scriptura (la grâce seule, la foi seule, Christ seul et les Écritures seules) ? La place manque pour faire un « tour complet » de l’héritage de la Réforme. Mais, en cette année où, pour fêter la Réforme, le CNEF a donné comme devise « Merci pour la Bible », prenons quelques instants pour examiner ce qu’il en est réellement de la place de la Parole de Dieu dans nos consciences, dans nos valeurs et dans nos comportements.

En principe, nous lisons régulièrement la Bible – et, « plus ou moins », toute la Bible. Nous l’étudions, et les textes bibliques sont au coeur même de nos cultes, avec l’accent mis sur la Parole de Dieu dans la prédication. Dans la confession de foi de l’A.E.E.I. nous affirmons que les Écritures « sont l’unique et infaillible autorité en matière de foi et de vie, seule capable d’éprouver toute tradition, toute doctrine et tout système religieux » (Article II, la Bible).

Visitez le site Merci pour la Bible dédié à cet événement.

Soulignons une autre phrase de Jésus dans le Sermon sur la Montagne – « En effet, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre n’auront pas disparu, pas une seule lettre ni un seul trait de lettre ne disparaîtra de la loi avant que tout ne soit arrivé » (Matt 5.18). Jésus contredit ainsi l’idée que la loi sera abolie (v.17). Mais si, aujourd’hui, quelqu’un nous annonce qu’il avait décidé de garder la loi de Dieu, nous serions même peut-être alarmés, considérant qu’il « faut garder un oeil dessus ». Nous savons que l’on n’est pas sauvé par le fait de garder la loi, et nous avons peut-être du mal à trouver une raison pour nous motiver à essayer de le faire. Nous sommes ainsi dans une inversion avec les « légalistes » à l’époque du Nouveau Testament. Ils voulaient rajouter à la foi en Christ une obéissance à la loi rituelle. Trop souvent, nous donnons l’impression, nous, de vouloir soustraire la loi morale à l’obéissance à la foi en Christ. Pourtant, nous lisons, noir sur blanc « Si vous accomplissez la loi royale d’après l’Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien » (Jacq 2.8).

La foi en Christ, correctement comprise, est inséparable de l’accomplissement de la loi. Nous disons, avec raison « Croyez en Jésus-Christ et vous serez sauvé, pardonné, réconcilié avec Dieu le Père ». Mais trop souvent la foi en Christ est comprise de manière totalement isolée de l’obéissance à ce qu’il nous a commandé. Combien de fois choisissons-nous de ne pas mettre en pratique ses commandements. Pourtant, à la fin du sermon sur la montagne, le Seigneur lui-même nous prévient : cela fait de nous des « fous qui bâtissent leurs maisons sur le sable » (Matt 7.26). Jacques « enfonce le clou » en nous exhortant de mettre en pratique la Parole « et ne vous contentez pas de l’écouter en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements » (Jacq 1.22).

Dans son commentaire approfondi sur le sermon sur la montagne, Dietrich Bonhoeffer parle aussi de Martin Luther :
« Lorsque Dieu, lors de la Réforme, réveilla, par le moyen de son serviteur Martin Luther, l’Évangile de la pure grâce qui coûte, il fit passer le chemin de Luther par le couvent. Luther fut moine. Il avait tout quitté et voulait suivre le Christ dans l’obéissance totale. … Dieu lui montra par l’Écriture que suivre la voie de l’obéissance à Jésus n’est pas la prouesse isolée de quelques-uns, mais un commandement divin adressé à tous les chrétiens » (Le prix de la grâce, p.23).

Martin LUTHER
10/11/1483 - 18/02/1546

Nous sommes donc face au paradoxe de la foi, où les deux phrases suivantes sont exactes et valables — et doivent aller ensemble : « Seul le croyant est obéissant, et seul celui qui est obéissant croit » (Bonhoeffer, p.38). Comment combiner le salut par la foi avec l’obéissance de la foi ? C’est certainement la tâche essentielle de l’Église, dans son annonce de l’Évangile et son témoignage « conséquent ». Car le moment viendra où la loi de Dieu sera inscrite sur le coeur de tous les hommes, comme les prophètes l’ont annoncé (Jér 31.33 ; Hébr 10.16). C’est un élément essentiel du triomphe futur du Seigneur et de l’établissement de son royaume !

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Soyons donc « cohérents » dans notre foi, en mettant réellement en pratique ce que nous disons croire, en laissant pénétrer jusqu’au plus profond de notre être les vérités de la Parole pour être transformés et rendus capables de glorifier Dieu dans ce que nous faisons !

Henry Oppewall

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