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Comment lire le livre de Proverbes ?

  • Anne Ruolt
  • il y a 13 minutes
  • 2 min de lecture

Clefs de lecture : le livre des Proverbes


Un livre atypique pour exercer l’intelligence pratique

Les premiers lecteurs des Proverbes se souviennent que les prêtres, les prophètes et les sages (Jr 18.18) structurent leur société. Alors que les premiers sont les médiateurs du peuple qui offrent des sacrifices à Dieu pour eux, à cause de la Chute, les seconds sont les médiateurs de Dieu, qui transmettent la parole du Rédempteur aux hommes. Quant aux troisièmes, moins contemplatifs, ce sont les médiateurs entre les hommes, des administrateurs universels du monde créé, pour protéger ce qui vie.

Dans le Proche-Orient ancien, des écoles -sortes d’ÉNA- formaient ces sages. Le livre des Proverbes est un « manuel » qui rassemble les exercices destinés aux futurs conseillers royaux. C’était le moyen d’exercer l’intelligence de ceux qui en manquaient et de développer celle des sages (Pr 1.4-5), afin qu’ils vivent en disciples (fils) cultivés, capables de gouverner leur vie avec discernement et de travailler de façon sensée pour le roi. Cette fonction sociale, partagée avec d’autres cultures, explique l’absence du livre du culte public juif. Pourtant, en affirmant que révérer l’Éternel est le principe de la sagesse (Pr 1.7), le sage n’exerce pas son art en autonomie.


C’est en Lui que se trouvent tous les trésors de la sagesse et de la connaissance

Un livre atypique à lire avec l’intelligence renouvelée

Aujourd’hui, constitués en un peuple de rois et de prêtres au service de Dieu (Ap 1.5-6), le chrétien lira ce livre biblique, l’intelligence renouvelée, en considérant les différents genres littéraires qui le composent, selon le principe d’interprétation historico-grammatical des Réformateurs, et en collectant les « grappes » thématiques, pour s’exercer à agir en personne sensée, au quotidien.

Les allégories, comme celle des fourmis (Pr 6.6), invitent à observer la nature, pour tirer instruction de ces « leçons de choses ». Les recueils d’aphorismes, sont des maximes, parfois ironiques (Pr 26.14-15), ou construites en parallélisme (Pr 6.17, 8.20, 15.17, 16.8), faciles à mémoriser pour inciter un comportement sensé, à l’image du proverbe français : « qui vol un œuf, vole un bœuf ». Les promesses associées à une juste attitude expriment un idéal et non une auto-réalisation garantie sur cette terre, où, même la logique est polluée par le mal (Pr 22.6, 13.21, 23). Si les discours mettent en garde contre les esclavages (Pr 5.1-14, 8.1-17, 23.15-25), l’attitude prend le contexte en compte (Pr 26.4-5). Quant aux poèmes et personnifications – comme l’ode acrostiche (alphabétique) à la noble femme sage (31.10-31), et la prosopopée de la sagesse figurée en femme (Pr 8)– visent à faire réfléchir et non à prescrire pour reproduire.


Un livre atypique qui pointe vers Jésus

Archétype du sage, Salomon l’illustre dans sa pratique professionnelle : apportant la paix, la vie et l’honneur, en dénouant des situations inextricables (1 R 3), et résolvant des énigmes complexes (1 R.10, 2Ch 9). Si certains voient Jésus dans la personnification de la sagesse, nous savons qu’il est plus grand que Salomon (Lc 11.31, 1 Co 1.30). Lui qui a grandi et progressé en sagesse (Lc 2.52) a vécu en homme sage dans ce monde tordu. Si pour le salut, c’est la « folie » de la croix qui sauve (1 Co 1.25), c’est en Lui que se trouvent tous les trésors de la sagesse et de la connaissance (Col 2.3 // Pr 2.4) pour progresser à sa suite, et s’entraîner à vivre et travailler en personne sensée.


Anne Ruolt, professeur à l'Institut Biblique de Nogent

 

 
 
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