Sur le thème de la transmission il est évident que, dans nos églises et en dehors, la prédication joue un grand rôle, le mot Prédication veut littéralement dire « proclamer le message » (Kerygma), ce qui inclut le contenu de ce qu’on dit et la manière dont on le dit. Parmi les mots utilisés quant à la manière de dire le message, les plus courants dans le nouveau testament sont les suivants :
- Euagelizo (55 fois) Annoncer une bonne nouvelle ou la bonne nouvelle de l’évangile (utilisé par Luc 4.43-44 et 8.1)
- Kerusso (61 fois) Prêcher, proclamer, publier (héraut), caractère formel, solennel et autoritaire du message auquel il faut obéir (utilisé par les synoptiques au début du ministère de Jésus-Christ)
- Disdasko (87 fois) Enseigner ou instruire (utilisé par les synoptiques à la fin du ministère de Jésus-Christ).

Déjà dans l’Ancien Testament nous trouvons des exemples. Voici ce qui est écrit à propos d’un scribe revenu de Babylonie avec deux mille rapatriés en 458 avant Jésus-Christ (Esd. 7.10) : « Car Esdras avait appliqué son cœur à étudier et à mettre en pratique la loi de l’Éternel et à enseigner en Israël la règle et le droit. »
A la même époque, il est dit ce qui suit à propos de l’un des chefs qui revinrent de Babylone avec Zorobabel (Néh. 8.8) : « Ils lisaient distinctement dans le livre de la loi de Dieu et ils en donnaient le sens pour faire comprendre ce qu’ils avaient lu. »
Après la crucifixion de Jésus, deux de ses disciples, désemparés, sont touchés par la démonstration faite par leur compagnon de route, qui s’avère être Jésus ressuscité (Luc 24.32) : « Et ils se dirent l’un à l’autre : Notre coeur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures ? »
Saul de Tarse, persécuteur des chrétiens, touché par Dieu alors qu’il était en route avec des sauf-conduits pour continuer de le faire, témoigne de la grâce de Dieu (Col. 1.25b) : « C’est d’elle que je suis devenu serviteur. J’ai été chargé par Dieu de vous annoncer pleinement la parole de Dieu. »
A la base il y a d’abord la lecture personnelle (Psaumes 119.9) : « Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? En se dirigeant d’après ta parole. », et la lecture publique comme lorsque Paul exhorte Timothée (1 Timothée 4:13) : « Jusqu’à ce que je vienne, applique-toi à la lecture publique des Ecritures, à l’encouragement, à l’enseignement. » (NBS).
Le monde, quant à lui, ne connait pas Dieu, mais Dieu a fixé un des moyens pour se faire connaître. « Puisque à travers cette sagesse le monde n’a pas connu Dieu en voyant sa sagesse, il a plu à Dieu de sauver les croyants à travers la folie de la prédication. Les Juifs demandent un signe miraculeux et les Grecs recherchent la sagesse. Or nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les non-Juifs, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, qu’ils soient juifs ou non. En effet, la folie de Dieu est plus sage que les hommes et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes » (1 Corinthiens 1.21-25).
Bien mieux que la persuasion, il y a la démonstration (1 Corinthiens 2:4) : « Ma parole et ma prédication n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, mais elles étaient une démonstration faite par la puissance de l’Esprit. » Le verset ici nous dit que faire la démonstration c’est apporter la preuve convaincante, et ce uniquement par la puissance de l’Esprit. Au début de l’Eglise, alors que celle-ci est en croissance et a besoin de se structurer, voici ce qui est écrit (Actes 6.2-4) : « Les douze convoquèrent la multitude des disciples, et dirent : Il n’est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. C’est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, qui soient pleins d’Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole. » L’apôtre Paul, après trois ans, va quitter l’Eglise d’Ephèse ; il s’adresse aux anciens qu’il a formés (Act. 20.27) : « Car sans rien dissimuler je vous ai annoncé tout le dessein de Dieu. »
Le but de la prédication n’est pas seulement de transmettre des informations mais de permettre la transformation voulue par le Dieu souverain. Le prédicateur est appelé à prêcher et vivre de sorte de rendre la Parole compréhensible et crédible. Une transmission mais pas uniquement d’informations, mais la preuve de transformation et un outil de direction.
Pasteur Jean-Claude Rellier
1 Bryan CHAPELL, Prêcher, l’art et la manière, trad. de l’anglais par Christophe Paya, coll. Diakonos, Charols, Excelsis, 2009, p. 11.